Rissani
est encore debout. Certes, l’ancien Sijilmassa,
carrefour des caravanes transsahariennes, il
y a quelques siècles, n’est plus qu’une
tache minuscule dans la carte du Royaume. Mais,
culturellement c’est un petit Damas. Pleins
de monuments et de repères d’histoire.
Le tombeau de Moulay Ali Chérif, fondateur
de la dynastie alaouite, est l’un des endroits
d’attraction pour les hordes de touristes qui
visitent chaque année le Tafilalet. L’endroit,
avec sa mosquée, son mausolée,
ne désemplit pas de visiteurs et de marchands
ambulants qui se déplacent avec de lourds
plateaux remplis d’objets artisanaux posés
sur la tête.
L’artisanat de la région est naturellement
tourné vers l’argent et le cuivre. C’est
le cas chez tous les peuples qui sillonnent
le désert depuis des millénaires.
A l’exception de l’interminable bâtisse
du pacha, qu’on retrouve aussi à Ouarzazate,
tout confine à l’uniformité. Passé
un ou deux monuments à visiter, les visiteurs
se rabattent sur le souk, autre bon endroit
pour faire du shopping. Outre les incontournables
coutelas, bracelets, bijoux et objets en argent
de toutes sortes, il y a aussi les tissus qui
vont de toutes les teintes du bleu aux couleurs
les plus écarlates. Malgré la
sécheresse apparente de la région,
on retrouve toutes les denrées dans le
souk, mais aussi tous ces produits du désert.
Rissani satisfait la curiosité artisanale
des touristes. Mais pour la restauration, c’est
vers la ville voisine d’Erfoud, à une
quinzaine de kilomètres. Là les
petites enseignes se disputent un maigre trottoir
le long d’un cordon bitumé. Loin de l’ambiance
de Casablanca, ici les cafés, quand ils
existent, sont affaire d’hommes.
Les restaurants, tous, proposent l’une des spécialités
locales : la tangia, ce fameux tagine à
la viande hachée et aux œufs et qui fait
appel aux propriétés de 40 épices.
C’est l’accroche affichée tout haut en
direction des touristes. Naturellement, l’alcool
n’a pas totalement droit de cité, les
habitants de la région, sont certes accueillants,
mais assez pointilleux sur ce détail.
Comme sur le port de la femme, complètement
recouverte d’un grand tissu noir avec parfois
un seul trou pour l’œil.
N’empêche, à quelques kilomètres
de la ville, sur la piste des sables de Merzouga,
un citoyen espagnol a ouvert une grande demeure,
à l’écart de la ville.
Devenue depuis, point de ralliement des Ibériques,
catalans surtout, les activités de la
maison vont de l’hébergement à
la restauration, en passant par la location
des Quads et des tout-terrain, indispensables
pour aller à l’assaut des dunes de Merzouga.
Les départs se font tous les jours, généralement
en fin d’après-midi. Le coucher du soleil
à Merzouga est l’une des principales
attractions locales.
Mais les 35 kilomètres qui séparent
ce rêve du dernier poste avancé
vers le désert sont dignes des douze
travaux d’Hercule. Terrains rocailleux par endroits,
mouvants parfois, il faut plus d’une heure pour
arriver enfin à un camp qui sert le méchoui
tous les soirs, sous une ambiance de fête.
Mais avant de passer à table, un véritable
rituel est imposé au visiteur : Sur les
traces d’un serveur et au son des instruments
de musique, jeter un coup d’œil à tour
de rôle dans le four pour voir que «ça
cuit bien», ensuite écouter les
«Gnaouas locaux», en espérant
manger bientôt.
Après le dîner, une séance
d’initiation au Djembé pour les couche
tard. Certains préfèrent se consacrer
au ballet des étoiles. Ceux qui ont raté
le coucher du soleil se rattraperont le lendemain
au lever.
En effet, tous les jours, à quatre heures
du matin, les visiteurs d’une nuit sont réveillés
discrètement pour ensuite être
acheminés à dos de chameau vers
le sommet des plus belles dunes du Maroc. Pas
de péril majeur à part la fraîcheur
matinale. Les bêtes sont bien dressées
et rompues à l’exercice. Elles sont surtout
encadrées par des guides experts. La
promenade dure une bonne vingtaine de minutes.
La dernière étape est faite à
pied, sur des pentes très prononcées,
avec un sable qui se dérobe sous le pied.
Mais, au sommet, le spectacle vaut bien les
quelques gouttes de sueur perdues en chemin.
De retour au camp, après un petit- déjeuner
frinagal, les visiteurs repartent généralement
car une nuit suffit pour vivre Merzouga. Après,
il n’y a plus rien, l’ennui guette. Les randonneurs
repartent généralement pour d’autres
excursions, des sensations nouvelles le long
du désert, parfois jusqu’aux derniers
postes marocains.L’occasion de croiser les campeurs,
bivouaqueurs, des bataillons de ce tourisme
sans effet, non répertorié dans
les statistiques. Un dernier détour vers
la frontière algérienne, une dernières
prise de bec avec quelques vendeurs de fossiles
(activité qui pullulent à l’approche
de Merzouga), une dernière danse rituelle
exécutée par un village Gnaoua,
un dernier achat de tapis à la maison
Touareg d’Erfoud et c’est déjà
le retour vers le Nord. D’Erfoud à Ifrane
par temps beau, comptez pas moins d’une demi-journée.
Pour deux heures de plus, et après des
traversées de beaux paysages dont les
gorges de Tondra, on gagne l’aéroport
de Ouarzazate où la RAM assure non sans
mérite de salutaires dessertes vers Casablanca.