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La filmographie de Abderrahman Tazi ou le cinéma mémoire |
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Alliant fantastique et burlesque, scrutant les bas fonds de l'histoire et de l'identité marocaines, reconstruisant l'imaginaire collectif avec ses moments fuyants et reproduisant l'âme du peuple, la filmographie de Mohamed Abderrahman Tazi est une sorte de "méditation nostalgique" mais aussi vivifiante de toute une identité.
L'expérience de Abderrahman Tazi, qui a fait l'objet d'un débat lors de la 3e édition des rencontres cinématographiques universitaires (20-23 mars) organisées par l'Association Al Kabas pour le cinéma et la culture, est "édifiante et constructive", sachant qu'elle a contribué à l'émergence d'une identité du cinéma marocain, au sens d'appartenance, selon les différents intervenants qui ont participé à ce débat.
"Les mouvements de caméra de Tazi sont une sorte de voyage dans le temps qui permettent, comme une musique de nuit, de s'attarder sur le furtif, de scruter le détail, de meubler les espaces vagues et vides, d'interroger le présent et de s'interroger sur l'avenir", a souligné dans ce cadre le critique Mohamed Chouika, estimant que le metteur en scène focalise son regard de photographe scrutateur, parfois rêveur et manipulateur, pour présenter une oeuvre associant histoire, identité, drame, burlesque et fantastique. Pour le critique Ahmed Sijilmassi, ce qui distingue le cinéma de Abderrahmane Tazi, c'est cette cohésion entre thème traité, décor, accessoires et costumes, choisis avec beaucoup de finesse mais aussi avec beaucoup de fidélité à l'époque retracée.
La force et l'originalité des films de Abderrahman Tazi résident dans cette adaptation du réel social et du vécu quotidien en narration filmique, commente pour sa part le critique Hamid Atbatou. "La quête permanente, le temps qui s'étire pour ne jamais finir, le cadrage de certains plans et la luminosité (naturelle) sont quelques-uns des ingrédients qui meublent l'espace et donnent vie aux oeuvres de Mohamed Abderrahman Tazi, qui tentent de créer ou de proposer une identité", estime pour sa part le critique Boubker Hihi. Pour sa part, l'universitaire et chercheur Athman Bisani a qualifié de "films mémoires" les œuvres du cinéaste Abderrahman Tazi, mettant en avant la "compétence" du cinéaste à recréer le passé et à le représenter au spectateur comme s'il était toujours vivant dans son imaginaire.
Dans son film "les Voisines d'Abou Moussa", Aberrahman Tazi a pu nous présenter une image très profonde de l'histoire marocaine, à partir d'une adaptation du roman de l'écrivain Ahmed Taoufiq. Ce film a réussi remarquablement la rencontre de l'art cinématographique marocain avec l' art romanesque, d'une part et d'autre part avec l'histoire marocaine elle-même, a estimé quant à lui l'universitaire et chercheur Said Karimi.
Le public rachdaoui a été au rendez-vous, trois jours durant, avec la projection des films phares de ce cinéaste, à savoir "Le Grand voyage" (1981), "Badis" (1988), "Lalla Hobby" (1996), "A la recherche du mari de ma femme" (1993) et "Les Voisines d'Abou Moussa" (2003).
Ces rencontres cinématographiques universitaires ont été également marquées par des ateliers sur la scénographie et rehaussées par la présence de plusieurs artistes et critiques de renom.
Source : Labrim Abdelouahed | MAP Errachidia |
24/03/2008 |
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