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Résultat médiocre pour l'enseignement primaire au Maroc |
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Là où l’Egypte consacre 40% de son budget de l’éducation à l’enseignement primaire, ou encore l’Algérie avec 44%, le Maroc fait fort. Avec 53,6%, la part affectée au primaire dépasse la valeur de référence de l’initiative Fast Track, qui situe à 50% la moyenne observée parmi les pays les plus performants au monde pour atteindre la scolarisation primaire universelle.
A ce niveau de lecture, on peut conclure que les auteurs du rapport du Conseil supérieur de l’enseignement, à paraître prochainement et dont L’Economiste détient une copie, ont eu la main lourde. Leur principale interrogation en dit plus: «Comment peut-on améliorer l’indice du développement de l’éducation lorsque nous savons, a priori, que les taux d’abandon élevé que connaît notre système d’éducation et de formation, surtout dans les premières années du primaire, expliquent en grande partie notre classement»? Voilà qui conforte le dernier rapport de la Banque mondiale sur l’Initiative de développement humain qui classe le Maroc au 11e rang sur 14 pays du Mena (cf.leconomiste.com). Pis encore, les statistiques 2005 de l’Unesco placent le Maroc parmi les pays où l’espérance de vie scolaire est la plus faible et la proportion la plus élevée des enfants non scolarisés par rapport à la population d’âge scolaire. Ainsi, seuls 37% des enfants inscrits en primaire en 1999/2000 arrivent en fin de cycle en 2005, au lieu des 90% préconisés par la Charte de l’éducation. Ils seront 19% au lieu des 80% à finir le cycle collège en 2008 et 7% en 2011 au lieu des 60%, en fin d’enseignement secondaire qualifiant. Au bac, ils ne seront que 3% au lieu des 40% souhaités par la Charte. On est loin du compte. Pourtant la dépense publique destinée à l’éducation s’est établie à 5,8% du PIB en 2007. En 2002, elle a représenté plus de 23,9 milliards de DH, soit 33,6% des dépenses publiques, contre 31,4% en 2006, mais pour une enveloppe d’un peu plus de 31,7 milliards de DH. Toutefois, la structure des dépenses montre que celles affectées au fonctionnement accaparent 90% du budget global. La masse salariale, à elle seule, absorbe 90% de ce budget de fonctionnement. Pis encore, notent les auteurs du rapport, «l’effort de l’Etat est presque à son maximum et les dépenses non compressibles atteignent un niveau qui laisse peu de flexibilité pour les autres dépenses». Autrement dit, peu de solutions s’offrent aux auteurs, «si ce n’est une recherche d’efficience et une rationalisation des dépenses ainsi qu’une quête des voies alternatives de financement». Là aussi, ils ont le triomphe modeste. Car, d’autres contraintes, notamment les règles la répartition des ressources et la faiblesse du système d’information du ministère pourront, le cas échéant, retarder le processus de rationalisation. Près de 83% des dépenses consacrées à l’éducation vont à l’enseignement scolaire, soit près de 28,6 milliards en 2007. La proportion du budget consacré au cycle primaire est de 53,6%. Elle est de 26,8% au collège et 19,6% au secondaire qualifiant. «Des résultats médiocres à coûts élevés».
Combien coûte un élève par an?
En 2005, le coût unitaire de l’enseignement primaire était de 3.495 DH, soit une augmentation de 6,9% par rapport à 2004. Au collège, il était de 5.463,5 DH et 7.366 au secondaire. Comparé à ce qui se fait ailleurs, le Maroc consacre près de 21% du PIB/habitant au cycle primaire, alors que la moyenne de la région est de 11%, selon l’Unesco. La Tunisie y consacre 16%. Pour le secondaire, on monte à 44% du PIB/habitant contre 26% en Tunisie. Selon le rapport, cette maîtrise des dépenses en Tunisie montre, entre autres, ses meilleurs résultats en termes de couverture scolaire «sans que, au moins au niveau primaire, ce choix se fasse au détriment de la qualité des apprentissages».
Source : Bachir Thiam | L'Economiste |
14/03/2008 |
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