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Le patrimoine oral du grand Tafilalet ou le risque d'amnésie |
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Synonyme de mémoire collective, d'identité et d'histoire, le patrimoine oral du grand Tafilalet, qui traduit fidèlement la culture et la personnalité des habitants de cette région du sud-est du Royaume dans ses aspects à la fois arabe et amazighe, se présente comme un mélange ethnique et linguistique offrant une mosaïque d'une richesse inestimable qui cohabitent dans une parfaite symbiose.
Cette riche tradition orale, qui emmagasine tout ce que les gens du grand Tafilalet ont vécu de joie, d'enthousiasme ou de déception et ce qu'ils ont consacré comme rituels et traditions, risque de sombrer dans l'oubli si des mesures urgentes ne sont pas prises pour répertorier et sauvegarder ce trésor-mémoire de la région.
Des sommets d'Imilchil jusqu'aux dunes de Merzouga en passant par les plaines et oasis du Tafilalet, la tradition orale est maître des lieux. Elle est omniprésente, puissante et agissante. Tamadiazt, Ahidous, Boughanim, Melhoun, Beldi, Gnaoui, Jorfi, Houbia sont autant de chants et de danses, pour ne citer que ceux là , qui meublent le patrimoine orale du grand Tafilalet par ses multiples manifestations qui vont de la pensée la plus profonde aux gestes les plus simples.
"Face à un monde en pleine mutation technique et technologique et où l'audiovisuel a réalisé des performances sans précédent dans tous les domaines, on est en droit de se demander alors quel sera l'avenir de la tradition orale du Grand Tafilalet", s'interroge M. Moha Souag, poète et essayiste.
A ses yeux, cette tradition, aussi riche que variée, "subit actuellement des agressions culturelles de toutes sortes pouvant, tôt ou tard, la désagréger voire la faire disparaître de façon irrémédiable".
Reconnues depuis déjà plusieurs décennies comme source essentielle de l'identité de nombreuses populations de par le monde, les traditions orales constituent le matériau privilégié de l'histoire. Selon M. Souag, "il faut dire que c'est à travers la tradition orale que l'on peut reconstituer le puzzle de l'histoire et qu'on redécouvre notre identité, nos rites, nos us et traditions".
"Cette mémoire doit resurgir et réapparaître pour nous orienter et nous réconcilier avec notre histoire, la nôtre?, insiste pour sa part Said Karimi, secrétaire général de la section Errachidia de l'Union des Ecrivains du Maroc, qui s'attèle actuellement à faire aboutir un ambitieux projet visant la collecte et la documentation du patrimoine oral du Grand Tafilalet.
"Une fois abouti, ce projet sera une reconstitution de l'histoire, une revalorisation de la mémoire collective locale et une régénération d'une culture forte par sa pluralité et riche par ses multiples manifestations", souligne-t-il, ajoutant que des actions urgentes doivent être entreprises, partout au Maroc, pour protéger ce patrimoine culturel immatériel de l'humanité et surtout assurer sa conservation efficace et sa transmission méthodique aux générations montantes.
La section Errachidia de l'UEM, qui a bénéficié d'une contribution dans le cadre de l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH), une première au niveau national, entend à travers ce projet ambitieux contribuer, dans la mesure du possible, à préserver la mémoire collective et à conserver le patrimoine oral du Grand Tafilalet contre la déperdition, rappelle-t-on.
"Chants, danses, contes, mythes et légendes, comptines, proverbes : les genres oraux destinés à amuser et instruire sont la partie la plus visible de l'iceberg. Derrière, c'est tout un univers de construction mentale mais aussi de pratiques quotidiennes qui se cachent ", note, pour sa part, Lahcen Ait El Fakih, chercheur dans le patrimoine oral du Grand Tafilalet.
Selon lui, "la culture orale, c'est tellement riche, c'est tellement vaste que c'est abstrait". Ce qui revient à dire que l'oralité est reflet de l'univers.
Autant dire que la tradition orale ne se limite pas seulement à de belles paroles, mises en poèmes ou en prose à la magie enchanteresse. Elle est bien plus un riche trésor culturel pour la mémoire universelle, c'est un livre autant précieux qu'ouvert qui nous parle de notre identité, nécessaire pour revisiter les péripéties de l'histoire et protéger fidèlement le patrimoine oral
Source : MAP Errachidia |
19/10/2007 |
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