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Marbre: La filière tourne à moitié de sa capacité |
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«Le secteur des pierres dimensionnelles n’a pas encore acquis l’importance qu’il devrait par rapport à d’autres secteurs industriels, malgré le potentiel de ressources marbrières dont regorge le sous-sol du pays».
Les conclusions de Euro Maroc Entreprise (EME), programme de développement du secteur privé, financé par la Commission européenne dans le cadre du Meda, sont sans équivoque. L’étude menée en 2003 par EME est la seule disponible à ce jour. Ainsi, le Maroc est loin après le top ten mondial des pays producteurs de marbre. A noter que la Chine, avec une production de 16,8 millions de tonnes, occupe la première marche du podium et l’Egypte, la 5e place avec un peu plus de 5 millions de tonnes. La production mondiale s’élevant à 55 millions de tonnes.
Ici comme ailleurs, l’activité industrielle de la pierre dimensionnelle repose sur trois principales sources de création de valeur ajoutée: extraction de blocs et valorisation du marbre dans les carrières; transformation en tranches et carreaux; débitage de pièces sur mesure, prêtes à l’utilisation. Si l’on en croit les dernières données, le Maroc occupait une position relativement négligeable avec une production totale en blocs bruts estimée à 208.000 tonnes, soit 0,38% de la production mondiale. Entre 2001 et 2006, le secteur n’a réalisé que quelque 74 millions de DH de chiffre d’affaires, passant de 374 millions en 2001 à 448 millions, l’année dernière, selon le Centre marocain de promotion des exportations (CMPE). Difficile de recouper ces données cependant. Auprès du secrétariat général de l’Association marocaine des marbriers (AMM), aucun chiffre précis n’est disponible. Sauf peut-être le volume du marché qu’Ayoub Kahlaoui, un des responsables de Granimarbre et secrétaire général de l’association, estime là -aussi entre 4 et 5 millions de mètres carrés dont la moitié à l’importation pour une valeur de près de 200 millions de DH.
Près de 146 structures opèrent dans la pierre dimensionnelle au Maroc, mais une petite poignée seulement peut se prévaloir de statut d’entreprise structurée. Globalement, elles sont de petite taille et travaillent encore le marbre avec des techniques héritées d’une vieille tradition d’artisans et leur production est destinée au marché local. Par exemple, la taille moyenne des entreprises marocaines significatives est beaucoup plus petite par rapport à la taille de celles des pays marbriers forts comme l’Italie (2e rang mondial avec plus de 10 millions de t/an), aussi bien dans la phase d’extraction (4.000 t/an contre 25.000 t/an) que celle de la transformation (35.000 m2/an contre 400.000 m2/an).
Il n’empêche qu’elles se sont toutes positionnées à la fois sur l’extraction, l’importation, la coupe, la finition, la pose et la commercialisation. Seuls les opérateurs nouvellement installés (peu) ont mis en place des process de spécialisation.
En dépit du boom immobilier de ces dernières années et le grand potentiel du marché du marbre, la valorisation de ce matériau reste encore peu significative. Le niveau d’investissement est faible, comparé aux autres filières industrielles de même nature comme la cimenterie et la céramique. Les faiblesses de l’industrie du marbre sont de tous les ordres. «Aucun dispositif juridique dédié à l’activité d’extraction avec règles déterminant par exemple la durée des concessions ou des permis d’exploitation des carrières», déplore un professionnel. L’obtention des droits d’exploitation est encore assimilée à un parcours du combattant. Quand elles existent, les cartographies techniques de localisation des «mines» sont peu disponibles. L’absence d’infrastructures sur et vers les sites d’extraction est criarde: eau, éclairage, routes… Le coût du transport, rendu encore plus cher avec un carburant onéreux, grève considérablement les bénéfices de cette activité. En outre, les coûts des investissements de rénovation technologique sont aussi jugés élevés. Le secteur traîne une réputation de gouffre capitalistique. La taille moyenne des usines est trop petite, en comparaison avec les usines de cette catégorie dans les pays à forte production marbrière (Italie, Espagne, Turquie…). A cela s’ajoute une main-d’œuvre peu qualifiée, un outil de production obsolète dans nombre de structures et des pièces de rechange et autres fournitures à des prix élevés.
Les professionnels montrent du doigt aussi l’absence de support technique extérieur, notamment laboratoire de caractérisation, station d’essai, écoles de formation professionnelle, études d’ingénierie pour les projets d’extraction et de valorisation… La capacité totale de transformation au Maroc est évaluée entre 1,5 et 2 millions de m2/an à la fois pour les tranches et les carreaux. Mais la production, elle, est estimée à 45% de la capacité nominale. Ce taux d’utilisation reste de loin en deçà des normes sectorielles des principaux pays marbriers du monde. En cause, «la vétusté des outils de production dans certaines unités, particulièrement celle des châssis», déplore un opérateur. La phase de polissage serait également un frein aux flux de production.
Pour parer à ces lourds handicaps, les marbriers marocains ont ouvert des lignes de production à forte valeur ajoutée. Notamment des pièces spéciales avec un contenu artistique, mais aussi des produits de grande performance technologique, tels que les éléments de construction légers à structure composite. Les professionnels, évoluant dans des unités structurées s’entend, sont unanimes à reconnaître que l’avenir du marbre au Maroc repose sur une approche industrielle spécialisée à haute valeur ajoutée. A défaut, bien sûr, d’une restructuration de l’activité de fond en comble.
Le secteur en chiffres
Les investissements dans les carrières de marbre au Maroc se sont élevés à 45 millions de DH en 2006. L’activité pèse 448 millions de DH de chiffre d’affaires (2006). Près de 146 unités industrielles sont répertoriées dont une cinquantaine affiliées à l’Association marocaine de marbriers (AMM). La filière produit environ 300.000 tonnes et génère plus de 2.500 emplois directs. Selon une source proche de l’AMM, «les exportations connaissent une croissance soutenue depuis 2000. Elles ont atteint près de 89 millions de DH en 2006 contre 64,7 millions en 2003, soit environ une progression de 38%.
Une quinzaine de sites marbriers
Les gisements marbriers au Maroc offrent une variété de taille. Selon la classification du ministère de l’Industrie et des Mines, les petits sont inférieurs à 200.000 m3, les moyens, compris entre 200.000 et 500.000 m3 et les gisements importants sont supérieurs à 500.000 m3. Les principaux sites de production sont Rabat, Tiflet, Khémisset, Kénitra, Agadir, Ouarzazate, Khouribga, Taroudant, Volubulis, Fès, Sefrou, Bouskoura, Béni Mellal, Erfoud et Errachidia.
Le Maroc abrite une diversité de marbres (une dizaine) classés sous les catégories lithologiques: calcaire marmorisé, calcaire brèche, calcaire fossilifère, calcaire serpentine, onyx calcaire, travertin, granite, diorite et basalte.
Source : Bachir THIAM | L'Economiste |
05/10/2007 |
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