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Sefrou: «Intifada» contre la vie chère |
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La grogne monte au rythme de la hausse des prix des produits alimentaires. Dimanche, à Sefrou, une manifestation a viré au drame.
Jets de pierres, vandalisme, destruction de biens publics et agressions. Bref, ce qui devait être un simple sit-in de protestation a viré à la véritable guérilla urbaine. En quelques heures, la petite ville, habituellement si tranquille, a sombré dans le chaos. «On aurait dit une intifada», affirme un témoin.
Plus de 2.000 personnes participaient à un rassemblement devant le siège de la province de Sefrou, réclamant une visite royale et la baisse des prix. Organisé par l’Association marocaine des droits humains (AMDH), ce mouvement de protestation a commencé vers 10h du matin. Une heure plus tard, d’autres gens notamment des habitants originaires des communes de Bhalil et Laanoucer se sont joints au mouvement, envahissant l’esplanade de Bab Lemrabaâ. Devant l’indifférence des autorités locales, les manifestants ont monté le ton malgré la mobilisation d’importantes équipes de sécurité. Des véhicules de la police ont été pris à partie, des édifices publics détruits, une banque saccagée. Des commerces et des téléboutiques ont également été visés. La situation était encore plus désastreuse dans le quartier populaire d’ Habbouna. Une trentaine d’individus s’en sont pris à une agence bancaire. Des pillages ont été constatés. Des ordinateurs et différents équipements de bureau ont été emportés.
Scène tragique aussi au collège Bir Anzarane où tout a été saccagé.
Les manifestants n’ont pas épargné non plus le siège du quatrième arrondissement administratif, le tribunal de première instance, la trésorerie générale et d’autres établissements, dont notamment un poste de police situé à proximité du quartier Ben Seffar. En fait, le mouvement a fait tache d’huile, gagnant presque tous les quartiers de la ville, de la médina à Bab Lamkam.
L’intervention des forces de l’ordre n’a nullement dissuadé les manifestants. Bien au contraire. En arrivant devant le pénitencier, ces derniers ont tenté de forcer les lourdes portes. Seules les bombes lacrymogènes ont pu les arrêter dans leur progression. Plusieurs personnes ont été arrêtées: des casseurs et des meneurs de grève. Parmi eux, des membres de l’AMDH. Une trentaine de personnes ont fini leur journée au commissariat.
Par ailleurs, plusieurs personnes ont été blessées. Ces dernières, une centaine environ, ont été évacuées vers l’hôpital Mohammed V. De nombreux éléments de la sécurité étaient dans le lot. Le commissaire principal de Sefrou, Mohamed Chekroun, a été touché au visage.
Le calme n’est revenu que vers 19 h, alors que l’heure du ftour était dépassée.
Lundi matin, les individus arrêtés ont été présentés devant le parquet à Fès. A l’heure où nous mettions sous presse, les autorités locales organisaient un point de presse dans le siège de la province de Sefrou. L’enquête est toujours en cours pour connaître les raisons de ces dérapages.
Source: Youness Saad Alami | L'Economiste
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25/09/2007 |
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