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L'œuvre plurielle de Moha Souag La voix créatrice qui refonte le monde |
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Poèmes, nouvelles ou romans, l'œuvre de Moha Souag résonne comme une voix créatrice qui refonte le monde, réécrit l'histoire, plonge le lecteur dans un dédale de situations- manifestations aussi familières qu'étranges, fait en sorte que l'inconscient rejoint le conscient et l'irréel se mêle au réel et qui tient à ressusciter la mémoire collective.
 "Moha Souag, qui a choisi la langue de Molière pour écrire la douleur du rêve avorté et du rêve enfanté, ne cesse d'imposer sa voix créatrice, son sceau, sa trace et sa manière de voir et de concevoir le monde et ses choses sur la scène littéraire marocaine et universelle", soutient l'enseignant-chercheur Atmane Bissani lors d'une journée d'étude consacrée à la lecture des œuvres de Souag, organisée mercredi à l'initiative de la section Errachidia de l'Union des écrivains du Maroc (UEM) et de la faculté poly disciplinaire de la ville.
Riche et variée, souligne-t-il, l'œuvre de Moha Souag se présente comme "l'instant de mise en œuvre de deux fondamentales instances : mémoire et histoire, une mémoire enracinée dans les recoins les plus sombres d'Errachidia".
"A l'instar de Kafka, Moha Souag cherche ses héros dans le quotidien le plus banal et les place d'un geste décidé dans des situations profondément déconcertantes afin de déchirer le rideau de la réinterprétation", et donc fournir une nouvelle interprétation au monde, souligne M. Bissani.
Selon lui, lire Souag, c'est s'insinuer dans les dédales d'un univers dont l'hermétique et l'accessible fonctionnent au diapason. Aussi est-il de toute évidence qu'entre hermétisme et accessibilité se situe la volonté de participer à la fabrique de l'œuvre.
Poète, nouvelliste ou romancier, Moha Souag n'est que voix au sein de laquelle vivent en concomitance mille et une couleurs de notre patrimoine riche et diversifié, assure-t-il. Se prêtant à une approche sémiotique au lieu et place d'une lecture thématique de "La femme du soldat" de Moha Souag, Mohamed Agoujil, professeur de français, soutient que le roman "nous met en présence de deux voyages différents mais semblables quant aux péripéties traversées par les deux principaux personnages (Aziz et Karima) et au sort ambigu réservé à chacun d'entre eux".
"Les deux récits s'épousent, se complètent et s'accordent à décrire l'éloignement des deux personnages même lorsqu'ils se retrouvent ensemble. En effet, leur destin n'est pas le même, mais leurs histoires se ressemblent", rétorque-t-il avant d'ajouter que le lecteur se trouve devant un récit non linéaire et risque parfois de s'égarer dans l'enchevêtrement des situations et la multitude des discours.
Pour sa part, M. Abdelkbir Jourji, professeur agrégé de français, a focalisé son intervention sur "Thé amer", en soutenant que ce roman, d'une jeunesse et d'une écriture désespérées qui se cherchent, attire non seulement par son contenu mais aussi par son esthétique.
Le roman se caractérise par une narration distinguée, non linéaire, qui exige du lecteur un travail de collaboration, d'élaboration et de reconstruction du texte, ajoute-t-il.
"Au lieu de fermer ce roman qui procure autant plaisir que déplaisir, le lecteur est obligé de faire une lecture à rebours ou rétrograde" pour mieux constituer les éléments du récit, souligne M. Jourji.
Mohamed Benali, professeur de français a, quant à lui, brossé un tableau sur Moha Souag, ce romancier "hors paire, messager du désert" qui dédie ses "œuvres puzzle" à la réécriture de l'histoire et à la préservation de la mémoire collective.
Moha Souag, professeur de français qui a opté pour le départ volontaire, est l'auteur de plusieurs romans, recueils de poèmes et de nouvelles, dont "L'année de la chienne", "Iblis", "Les années U", "Des espoirs à vivre", "Le grand départ", "Les joueurs" et "La femme du soldat".
La lecture des œuvres de Souag a été programmée par souci de rapprocher le public d'Errachidia, en particulier les étudiants de la faculté poly disciplinaire, de l'œuvre littéraire de cet écrivain solitaire, énorme dans ses écrits qui peuplent un univers désertique de personnages au bord de la confrontation, comme l'a souligné Said Karimi, secrétaire général de la section Errachidia de l'UEM, à l'ouverture de cette rencontre.
Le vice doyen de la faculté poly disciplinaire d'Errachidia, Majidi Lhou, s'est félicité de cette initiative louable qui ambitionne de rapprocher les étudiants des auteurs qui ont marqué de leurs empreintes la scène littéraire au niveau de la région, assurant que la faculté reste ouverte à toute initiative dans ce sens.
Source : MAP Errachidia |
| 15/03/2007 |
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