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"La mise à niveau de la région est sur la bonne voie" |
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Intellectuel et homme de lettres, Hassan Aourid, wali de Meknès-Tafilalet aborde la mise à niveau de la ville de Meknès, la réhabilitation du patrimoine historique et toutes les potentialités inexploitées de la région, notamment touristiques.
- L’Economiste: Vous avez été nommé wali de la région Meknès Tafilalet en juin 2005. Quelle évaluation faites-vous aujourd’hui de la situation de cette région?
- Hassan Aourid: Les grands desseins de la ville ont été tracés lors d’une réunion présidée par SM le Roi en septembre 2005. Cette rencontre, tenue en marge du lancement de l’INDH à Meknès, a porté essentiellement sur la mise à niveau de la ville, les préparatifs du Salon international d’agriculture du Maroc (SIAM) et le problème du transport urbain. Ce dernier a été réglé en un temps record et la première édition du Salon a été un véritable succès.
Par ailleurs, la mise à niveau de la ville est enclenchée. Cela se traduit par le lancement de nombreux chantiers.
· Le Siam est un événement sur lequel s’appuie votre stratégie, n’est-ce pas…
- D’abord, il faut préciser que de grands paradoxes caractérisent la région. D’une part, elle figure parmi les zones les plus pauvres du pays, d’autre part, elle est dotée d’un potentiel agricole et touristique important. Mais cela n’est pas mis en valeur. La responsabilité incombe bien sûr aux responsables locaux, aux élus ainsi qu’au gouvernement. Il faut aujourd’hui qu’il y ait une conjugaison des efforts pour exploiter ce potentiel et développer la région.
Le Siam, projet-pilote, n’est pas seulement l’occasion d’exposer des produits, mais il offre l’opportunité de lancer la réflexion sur l’agriculture et son devenir. C’est aussi un appel à la compétitivité de l’agriculture marocaine avec toutes ses composantes et ses spécificités.
· Y a-t-il d’autres projets structurants?
- A mon avis, il faut d’abord capitaliser sur le Salon de l’agriculture. Grâce à son succès, nous avons aujourd’hui plusieurs demandes d’officines internationales qui veulent passer des jumelages ou des accords de coopération avec la région de Meknès. C’est le cas notamment des Espagnols qui s’intéressent au secteur oléicole. Par ailleurs, les Italiens veulent de leur côté investir dans la région et mettre à contribution leur savoir-faire en la matière.
· On remarque que l’attention est plus particulièrement portée sur la préfecture de Meknès?
- Impossible de développer la région sans travailler la ville de Meknès. Je ne cesse de dire que la région est un corps dont la tête est Meknès. Il faut donc commencer par la capitale qui transmettra son dynamisme aux autres villes et provinces de la région dans les domaines de l’agriculture, du tourisme et de l’artisanat.
· L’essor économique suppose aussi le développement de l’arrière-pays. Y a-t-il des projets dans ce sens?
- Il y a un projet qui va en quelque sorte renforcer et asseoir la notion de région. Il s’agit de la double voie Meknès-El Hajeb. Une convention a été signée dans ce sens entre le ministère de l’Equipement, les collectivités locales, le conseil de la région et les conseils provinciaux de Meknès et d’El Hajeb. Cette double voie aura un effet considérable pour justement amarrer l’arrière-pays à Meknès.
Là où le bât blesse c’est au niveau des province de Khénifra et Errachidia où il y a un important déficit en matière d’infrastructures routières. Errachidia est, cependant, en train de rattraper son retard grâce aux investissements opérés dans le domaine du tourisme. Il reste à régler le problème des liaisons aériennes.
Aujourd’hui, tous les touristes étrangers, en visite dans la région arrivent en vol charter parce que l’accord, signé entre le conseil régional de Meknès-Tafilalt et la RAM, n’a pas eu les résultats escomptés. Initialement cet accord, qui consiste à assurer deux dessertes hebdomadaires Casablanca–Errachidia, devait servir de «jumping start», c’est-à -dire de catalyseur pour déclencher le processus.
· Quels sont les projets pour relancer le secteur touristique? On regrette l’absence d’hôtels 5 étoiles…
- C’est vrai. Mais ce n’est pas le fait d’avoir des hôtels qui stimule l’activité touristique, c’est plutôt l’activité touristique qui crée les hôtels. La ville est riche, mais sa richesse n’était pas mise en valeur. Raison pour laquelle nous avons commencé par la mise à niveau de la ville avant de nous lancer dans un programme de promotion touristique. Il fallait tout simplement rendre la ville plus propre, améliorer le cadre de vie et restaurer les monuments historiques. Ceci étant, il ne s’agit pas de promouvoir le tourisme seulement à Meknès mais dans toute la région.
· La relance économique suppose l’existence d’infrastructures de base et notamment de zones industrielles… Qu’est-ce qui est prévu dans ce sens pour améliorer l’attractivité de la région?
- Meknès compte deux zones industrielles et nous sommes loin de faire le plein. La zone Sidi Slimane Moul Kifane se spécialise de plus en plus dans l’agroalimentaire dans la mesure où elle se situe près de l’ENA (Ecole nationale d’agriculture). Celle de Majjat s’orientera de son côté vers d’autres spécialités.
· Meknès qui s’est développée dans l’anarchie est aussi envahie de bidonvilles. Quelle est la stratégie pour lutter contre l’habitat insalubre?
- Cette situation n’est pas propre à Meknès. C’était le cas de toutes les grandes villes du Maroc. Cela est dû à la sécheresse, l’exode rural et le manque d’emplois… et au laxisme de l’Administration! L’engagement est pris avec le ministère de l’Habitat à déclarer Meknès «Ville sans bidonvilles» en 2006. Déjà , 70 % des objectifs ont été réalisés dans le cadre de ce challenge. La stratégie vise aussi l’implication de la population pour améliorer le cadre de vie et promouvoir les valeurs de citoyenneté. C’est un élément fondamental pour attirer les investisseurs.
Propos recueillis par Rachida BAMI | L'Economiste |
05/09/2006 |
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