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Kasbahs et Ksours de Tafilalet : Un plan pour sauvegarder ce patrimoine |
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L’initiative de redonner vie aux kasbahs et kssours du Sud marocain est louable, mais elle ne doit pas marginaliser l’élément humain qui est l’essence même de la vie sociale des Ksours.
Le Maroc a célébré ce mois de juin la journée mondiale contre la désertification, sous le signe « Déserts et désertification : n’abandonnons pas les zones arides ». La région du Tafilalet qui connaît un important tissu de Ksours et Kasbahs est une zone aride par excellence. L’architecture des Kasbahs et Ksours qui s’est construite autour des oasis et des périmètres irrigués, constituait un barrage naturel contre la désertification et l’érosion du sol. Depuis une vingtaine d’années l’émigration de la population des Ksours vers les centres urbains a favorisé l’abandon de ces bâtisses, depuis lors, elles ont sombré dans l’abandon et l’oubli, les menaçant même de disparition. Pour sauver ce patrimoine architectural qui s’intègre parfaitement dans le milieu écologique de la région, un grand projet de restauration et de réfection a vu le jour pour préserver le cachet historique de la région et sauver un patrimoine qui, en plus de sa valeur historique, joue un rôle dans l’écosystème de la région.
Initié par la délégation provinciale de l’habitat et de l’urbanisme et les associations locales, ce projet a l’ambition de redonner vie à ces édifices. Le projet privilégie l’action communautaire et fait appel à des techniques d’utilisation de matériaux locaux pour sauvegarder le savoir faire traditionnel en matière de construction qui tend vers la disparition. D’un coût global de 36,734 millions DH, ce projet concerne la restructuration des Ksours d’Amejouj (8 millions DH), d’Ait Bamouha (3 millions DH), d’Anegbi (1 millions DH) et de Touchka (9,013 millions DH), ainsi que la restauration des Ksours de Goulmima (9,930 millions DH) et d’Abou Aam (5,8 millions DH).
Des études topographiques sont en cours de réalisation pour la restauration de Ksar Asrir à Tinjdad et de Ksar Boudnib, qui constituent une continuité historique de la région du Tafilalet. Selon des responsables de l’habitat et de l’urbanisme à Errachidia, « l’intervention sur ces édifices a été précédée d’un inventaire détaillé sur leur état de dégradation ... Et les investigations entreprises ont permis de définir la nature et le niveau d’efforts nécessaires pour chacune des composantes des constructions à entreprendre ». L’opération va se dérouler par tranches, les travaux commenceront d’abord par « le confortement de l’assise des murs d’enceinte, le renforcement des bases des murs par la maçonnerie de pierres, la reprise et la consolidation des points névralgiques et des effondrements de la maçonnerie en élévation et le revêtement du sol des ruelles par la pierre locale ».
Depuis une dizaine d’années, plusieurs associations locales ont appelé à la sauvegarde du patrimoine architectural de la région du Tafilalet qui a subi une dégradation massive à cause des aléas de la nature et de l’abandon de la population qui n’a plus les moyens d’entretenir un Ksar. Les Ksours abritaient autrefois plusieurs familles. En l’absence des travaux d’entretien et de maintenance, les Ksours se dégradent rapidement et se transforment en un amas de pierres et de sable. Lors de la tenue de la 7ème édition de l’université de printemps de l’architecture, les 2 et 3 juin dernier à Rabat, sous le thème « les tissus anciens en question : Médinas du Maroc entre valeurs et usages ». Le ministre délégué chargé du logement et de l’Urbanisme, Ahmed Toufiq Hjira avait appelé à la création d’un organisme national chargé de la gestion et de la réhabilitation des tissus anciens, pour la réhabilitation des médinas, Ksours et Kasbahs du Maroc, ajoutant, que cette nouvelle institution doit avoir des représentations dans les différentes villes du Royaume. « Il est temps de réhabiliter les tissus anciens du Maroc et de tirer partie du nouveau code de l’urbanisme qui prévoit des textes juridiques relatifs à la planification et la gestion des anciens tissus », avait insisté le ministre.
L’initiative de redonner vie aux Kasbahs et Ksours du Sud marocain est louable, mais elle ne doit pas marginaliser l’élément humain qui est l’essence même de la vie sociale des Ksours. Les expériences précédentes ont démontré que l’approche technique en matière de développement durable reste limitée, c’est la raison pour laquelle l’implication des acteurs concernés est une condition sine qua non pour la réussite de ce projet.
Source : Mohamed El Hamraoui | lereporter.ma |
03/07/2006 |
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