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Le Tafilalet : de l’agonie au changement |
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Organis?©e par la section du Centre Tarik Ibn Zyad et en collaboration avec la Facult?© des sciences et techniques d’Errachidia, une conf?©rence s’est tenue le 24 Fevrier dernier sur le th?¨me : Le Tafilalet : de l’hypoth?¨se de l’agonie et de la crise ? l’hypoth?¨se du changement et de transformation. Ce sujet a fait l’objet d’un travail de th?¨se de doctorat pr?©sent?© ? l’Universit?© Mohamed V de Rabat en 2003 par M. Mohamed Mayoussi sous l’encadrement des Professeurs A.Ben chrifa et M.Belfequih.
Lors de son expos?©, M. Mayoussi a signal?© que ce travail d’une dur?©e de 12 ans entre recherche bibliographique et sortie sur le terrain consistait ? apporter une contribution ? la r?©flexion sur la situation des Oasis de Tafilalet entre une hypoth?¨se dite de crise et d’agonie et une autre, d?©fendant plut?´t une hypoth?¨se de changement et de durabilit?© (hypoth?¨se de Gilbert Gauchy et Stiwart 1947). Le conf?©rencier a donn?© un bref aper?§u sur le Tafilalet en ?©voquant les volets historique, agricole, socioculturel et ?©conomique de la r?©gion connue par son h?©ritage socioculturel et civilisationnel. Ainsi la cit?© caravani?¨re de Sijilmassa a jou?© dans le pass?© un r?´le ?©conomique d’interm?©diaire entre l’Europe et l’Afrique noire occidentale
En traitant la question de l’espace, M. Mayoussi a pr?©cis?© que la zone d’?©tude de son travail ?©tait constitu?©e de deux grandes unit?©s, ? savoir la zone regroupant la vall?©e moyenne de Ziz, sp?©cifi?©e par un syst?¨me de culture tr?¨s intensive ? trois ?©tages de v?©g?©tation (le palmier dattier, l'olivier et les cultures sous-jacentes) et la zone de plaine, caract?©ris?©e par un syst?¨me de culture ? deux ?©tages (le palmier dattier et les cultures basses : c?©r?©ales, luzerne, cultures mara?®ch?¨res comme le gombo, cultures sp?©ciales comme le henn?© et le cumin). L'ensemble de ces syst?¨mes de production sus mentionn?©s persiste encore malgr?© la panoplie de contraintes naturelles existantes. Ceci est d?» essentiellement, selon M.Mayoussi, ? deux facteurs, ? savoir le rattachement consid?©rable des populations (oasiennes) ? leur environnement (oasis) et les efforts consid?©rables engag?©s par l'Office r?©gional de mise en valeur agricole du Tafilalet.
Il a ?©galement signal?© qu’? travers l’histoire, les oasis de Tafilalet ont ?©t?© marqu?©es par des conditions ?©cologiques pr?©sahariennes et une ?©conomie agropastorale de faible rendement. Cette pr?©carit?© a tr?¨s t?´t impos?© la recherche d’autres formes d’activit?©s pouvant compenser le manque qui les caract?©rise sur le plan production. Sur le plan social, cette pr?©carit?© s’est traduite par une grande solidarit?© sociale au sein des groupes (lignages, ksours) que l’on retrouve jusqu’? nos jours. Bien que la politique de r?©formes structurelles mises en oeuvre d?©s le d?©but des ann?©es 80 ait abouti ? des r?©sultats jug?©s satisfaisants en mati?¨re de gestion ?©conomique prudente, M.Mayoussi signala que l'?©conomie des oasis du Tafilalet demeure tr?¨s vuln?©rable. Sa fragilit?© est li?©e aux al?©as climatiques (s?©cheresses r?©currentes) qui hypoth?¨quent la production agricole.
Le conf?©rencier a ?©galement pr?©sent?©, photos ? l’appui, des ?©tudes de cas de quelques oasis, entre autre Jbil et Oulad Youssef ? Rissani, Tizimi et Jorf dans la r?©gion d’Erfoud, Oulad Chaker ? Aoufous, Sidi Boabdillah_Mdaghra et le P?©rim?¨tre de recasement d’Errachidia. Les oasis du Tafilalet, ajouta-t-il, ont ?©t?© marqu?©es pendant les cinquante derni?¨res ann?©es par plusieurs ?©v?©nements dont les deux principaux sont :
• la construction du barrage Hassan Eddakhil (1966-1971) avec les infrastructures hydro-agricoles y aff?©rentes, chantier de grande taille entrepris par le Gouvernement juste apr?¨s la grande crue de l’oued Ziz en novembre 1965 (5000m3/s) ayant occasionn?© des d?©g?¢ts ?©normes dans la r?©gion.
• la multiplication des stations de pompage encourag?©e par le rapatriement des fonds des MRE dont les cons?©quences sont l’extinction de quelques oasis s?©culaires ? cause du tarissement des Khettaras.
Lors des d?©bats, l’hypoth?¨se de crise des oasis a ?©t?© discut?©e en mettant en exergue les probl?¨mes entravant la pr?©servation des oasis, ? savoir :
• le r?©gime faible des pr?©cipitations dans la r?©gion de Tafilalet
• L’absence d’une strat?©gie et d’une vision claire sur la gestion des eaux souterraines. Ainsi l’extinction de quelques oasis s?©culaires (cas de khorbate ? Tinjdad), occasionn?©e par le tarissement des khettaras, s’explique par l’expansion des stations de pompage.
• La d?©sertification et l’ensablement constituant une contrainte pr?©judiciable ? tout d?©veloppement socio?©conomique des oasis de la r?©gion.
• La notion de valorisation de l’eau d’irrigation n’?©tant pas bien assimil?©e par les agriculteurs qui continuent ? pratiquer des cultures peu r?©mun?©ratrices
• L’agriculture oasienne moins comp?©titives devant l’agriculture intensives des grandes plaines marocaines (gharb, Saiss, Doukkala Sous Massa…etc.) et touch?©e par la globalisation.
• La Fusariose de Bayoud, menace toujours s?©rieuse pour les palmeraies du Tafilalet
• La micropropri?©t?© et le morcellement des terres, entrave au d?©veloppement agricole des oasis.
• Les ouvriers agricoles disposant d’un savoir faire local de plus en plus rares dans les oasis. Le kh?©mmas par exemple n’existe plus
• La localisation de l’habitat ? l’int?©rieur des palmeraies, contrainte pour les plans d’am?©nagement des centres urbains des oasis.
• L’extension du b?¢ti occasionn?© par une explosion d?©mographique sans pr?©c?¨dent, au d?©triment des terrains agricoles des oasis.
• L’analphab?©tisme des populations rurales relevant des oasis de Tafilalet
Devant de telles contraintes et de tels d?©fis, il a ?©t?© signal?© que la p?©rennisation, la pr?©servation et le d?©veloppement des oasis de Tafilalet restaient tributaires d’une volont?© politique ferme o?¹ le d?©veloppement du tourisme pourrait prendre une place privil?©gi?©e. En effet, la stabilit?© politique dont jouit le Maroc, sa situation g?©ographique pr?©s des grands pays ?©metteurs et l’existence de plusieurs potentialit?©s dans la r?©gion de Tafilalet (d?©sert et montagne pour des randonn?©es p?©destres, dunes de sable de Merzouga, kasbahs, mus?©e de Ksar Elfida, site de Sijilmassa, ?“uvres architecturales de Von Hannsjorg, etc.) font que le tourisme constitue aujourd’hui un enjeu ?©conomique de taille pour le d?©veloppement des oasis au moment o?¹ le pays affiche une volont?© sinc?¨re d’en faire une industrie nationale rentable.
Source : Hrou ABOUCHRIF |
06/03/2006 |
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