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Meknès: Comment rendre l’école attractive |
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· Plus de 30 millions de DH pour réhabiliter les écoles rurales
· Infrastructures, transport et encadrement… handicaps majeurs
· Le climat et le trajet, autres facteurs d’abandon scolaire
L’école rurale constitue le maillon faible de notre système scolaire. Le constat est confirmé par plusieurs études, y compris celles du ministère de l’Education nationale. Et tout le monde est conscient de la situation ainsi que de l’urgence des mesures à prendre. D’où l’importance accordée à la réhabilitation de cette école ainsi qu’à son environnement dans le programme d’urgence 2009-2012, lancé par le gouvernement à l’occasion de la rentrée scolaire. Le but est d’améliorer l’attractivité de l’école dans ces zones en vue de lutter contre l’abandon scolaire surtout chez les jeunes de moins de 15 ans. Mais la tâche ne sera pas facile, compte tenu des moyens limités face à la dégradation avancée dans laquelle se trouve une grande partie des établissements scolaires situés dans la campagne. Situation qu’un groupe de journalistes a pu constater de visu à l’occasion d’une visite à certaines écoles rurales relevant de l’Académie de l’éducation pour la région Meknès-Tafilalet.
Cette dernière a mobilisé plus de 30 millions de DH pour la réhabilitation de ses établissements ruraux au titre de l’année scolaire 2008-2009. La grande partie de cette enveloppe, soit 11,8 millions de DH, a été réservée à la délégation d’Errachidia, où l’Académie a lancé une expérience-pilote dans ce domaine. Le reste est partagé entre les 4 autres délégations. «Sur ce budget, nous disposons uniquement de 1,2 million de DH pour retaper l’ensemble des écoles situées dans la campagne», souligne un délégué de l’Académie. «Ce montant est de loin en deçà des besoins réels, car presque l’ensemble des écoles dans ces zones se trouvent dans un état de délabrement assez avancé», commente un instituteur, qui connaît bien la région. C’est l’exemple de l’école Tlat Oumadium, sise dans la région de Khénifra, bien qu’elle vient juste de faire l’objet d’une opération de réhabilitation.
Premier constat: l’établissement n’est pas gardé comme c’est le cas pour la plupart des écoles du monde rural. Ce qui donne libre accès aux saccageurs et voleurs qui raflent tous les équipements: tables, chaises, portes, accessoires des toilettes, fenêtres et vitres. «Avec un froid glacial pendant l’hiver et faute de chauffage, la situation devient difficile notamment pour les enfants. Ce qui oblige certains à rester chez eux», avoue un instituteur. «Durant cette période, on est obligé de libérer les élèves très tôt en raison de l’éclairage qui fait défaut», ajoute-il. «Et la fontaine de l’école vient d’être branchée au réseau d’approvisionnement juste à la veille de votre visite», confie la même source. «L’année passée, une partie du plafond de la classe est tombée. Fort heureusement, le pire a été évité de justesse, car mes élèves venaient de quitter la salle», rappelle un autre instituteur. Pour ce dernier, le manque de moyens n’est pas la seule cause de cette situation, mais également la mauvaise gouvernance. Sur ce point, il pointe du doigt les procédures de passation des marchés pour la rénovation des établissements scolaires. «On fait appel toujours aux mêmes entreprises dont les prestations laissent à désirer», avance notre source. Selon cette dernière, il y a des écoles nouvellement construites, mais qui se trouvent déjà dans un état dégradé. Toujours dans le même registre, notre instituteur évoque l’exemple du puits de l’école qui ne contient pas d’eau. Car, on n’avait pas procédé aux bons sondages. «Toutefois, l’ouvrage a bénéficié d’une cérémonie d’inauguration en présence du gouverneur de l’époque. Pour faire bonne impression, le puits a été rempli la veille par plusieurs citernes d’eau», signale notre source. «Et cerise sur le gâteau: achat de trois plaques solaires pour mécaniser le pompage!», ironise l’instituteur. Mais la déperdition scolaire trouve son explication dans d’autres problèmes.
Le premier est le manque de moyens de transport, ce qui oblige la majorité des élèves à parcourir des kilomètres pour rejoindre leur classe. L’âne est le seul moyen de transport. Pendant l’hiver, durant les périodes de fortes précipitations, venir à l’école présente un risque aussi bien pour les élèves que pour les instituteurs. «Deux élèves frères de notre écoles ont été emportés par les crues», se rappelle un instituteur. Il faut noter également le manque de routes pour accéder aux établissements scolaires surtout pour les écoles satellites souvent situées dans des zones reculées. «Outre les difficultés naturelles, il y a aussi le risque d’agression, surtout contre le sexe féminin (élèves et institutrices).
Parmi les autres problèmes posés, on retient également l’absence de cantine dans l’ensemble des écoles. Et même quand elle existe, ses services laissent beaucoup à désirer comme c’est le cas pour notre école. «Deux mets sont servis aux enfants à longueur d’année: lentilles mal préparées ou conserves de sardine», précise un instituteur. «Comment peut-on, dans ces conditions, réaliser un enseignement de qualité?», s’interroge un instituteur.
Plus d’école satellite
Le plan d’urgence lancé par le département d’Akhchichine propose une approche pour dépasser les lacunes posées par l’école satellite. Ainsi, ce type d’établisssements sera abandonné au profit des écoles communautaires. Ce qui permettra une optimisation de l’utilisation des ressources humaines et matériels disponibles au niveau d’une commune. Et ce, au profit d’un enseignement de qualité avec des conditions de scolarisation acceptables. Pour ce faire, il ne faut pas compter uniquement sur l’Etat, mais il faut aussi mobiliser tous les acteurs concernés: parents d’élèves, élus, société civile et organismes publics et privés.
Source : Nour Eddine EL AISSI | L'Economiste |
19/09/2008 |
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