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Un plan pour sauver le tajine |
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C’est ce qu’on appelle mettre les pieds dans le plat… où plutôt dans le tajine! Le gouvernement s’est décidé à s’attaquer à ce dossier sérieux. Et pour cause, la question du plomb menaçait très sérieusement ce qui peut être considéré, sans ironie aucune, une affaire de souveraineté nationale.
Oui, oui le tajine c’est le Maroc, et le Maroc c’est le tajine. Alors pas question de laisser une malencontreuse négligence faire écrouler tout l’édifice. Le plomb dans le tajine était au menu du dernier conseil de gouvernement et le sera aussi pour le prochain. Cette fois-ci pour décliner dans le détail un plan d’urgence qui va être piloté par le secrétariat d’Etat à l’Artisanat de Anis Birrou.
D’abord le diagnostic. Les importateurs internationaux du produit-phare marocain avaient bien raison de s’inquiéter. Des analyses réalisées dès décembre dernier auprès du laboratoire agréé Cetemco à Casablanca ont montré que les teneurs plomb dans les tagines étaient bien supérieure au niveau autorisé, qui est 5 milligrammes par litre. La norme en Australie par exemple est de 3,5ml/l.
Le problème du plomb dans le tagine ne date pas d’hier. La Hollande l’avait déjà banni en 1993 et le Canada en 2002. Depuis ce temps, les gouvernements successifs n’avaient rien entrepris. Pourtant, le secteur de la poterie emploie 20.000 personnes et son chiffre d’affaires s’élève à 2,1 milliards de DH. L’export rapporte 123 millions de DH. Les salaires servis dans le secteur atteignent 534 millions de DH.
Aujourd’hui, il ne s’agit pas de succomber à la psychose ni de sacrifier l’image du produit et du pays à l’étranger. Le plan d’action mis en place par Anis Birrou est discuté dans le cadre d’une commission, composée des ministères de l’Intérieur, de la Santé, des Finances, du Commerce et Industrie, de l’Energie, les Mines et l’Environnement. Celle-ci s’est réunie mardi dernier pour examiner les moyens de coordination pour la mise en œuvre du plan d’action visant le respect des normes en vigueur et la protection de la réputation des produits de poterie. Cette commission sera permanente. Chaque ministère dont celui de la Santé doit proposer des mesures concrètes à prendre pour faire face à ce problème.
Le plan d’action élaboré comprend plusieurs dispositions. L’une d’entre elles consiste à imposer aux produits d’artisanat, particulièrement ceux utilisés en cuisine, différentes analyses en laboratoire pour s’assurer du respect des normes de sécurité internationales. Le département est en train de désigner des contrôleurs assermentés dans toutes les régions de production.
Le plan prévoit également une campagne de sensibilisation des chambres d’artisanat et des délégations régionales sur les dangers de l’utilisation du plomb sur la santé du consommateur mais aussi sur celle de l’artisan lui-même. Premier risque: le saturnisme, une maladie qui attaque le cerveau.
Autre mesure, inciter les artisans à intégrer la certification de leurs produits auprès de laboratoires agréés. Cette opération pourra renforcer la confiance dans la qualité et la sécurité des produits qui porteront un symbole de conformité aux normes marocaines. Le département de l’Artisanat met actuellement en place des normes obligatoires pour les émaux. L’importation de ces produits qui ne respectent pas les spécifications en vigueur au Maroc sera interdite.
Pas de risque pour l’argile brute
Les tagines en argile brute ne représentent aucun risque pour la santé. Pour ces produits, les artisans n’ont pas recours à l’émail. C’est ce produit qui fait briller les tagines qui porte préjudice à la poterie marocaine. En effet, pour que les émaux fondent, il faut des fours à 1.200 degrés. Certains artisans ayant des fours traditionnels ne peuvent aller au-delà de 800 degrés. Par conséquent pour faire fondre les émaux, ils rajoutent du plomb. Cette problématique peut être dépassée avec l’utilisation de fours à gaz modernes dans les principaux bassins qui fabriquent le tagine: Marrakech, Safi, Salé et Fès.
Source: L'Economiste |
| 03/06/2008 |
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