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Près de 2000 voitures volées par an, au Maroc



Invraisemblable ! En quelque trois ans, près de 5000 voitures ont été volées au Maroc. Casablanca arrive en tête des villes où ces vols sont perpétrés. Mais, elle n’est pas la seule touchée. Oujda vient juste après et Rabat suit. D’autres villes dont notamment Tanger, Fès et Tétouan sont tout autant concernées. Des documents officiels, obtenus en exclusivité par le Reporter, nous en disent plus...


En 2005, pas moins de 935 voitures ont été signalées volées. L’année suivante, ce chiffre a atteint 1702 et il a été de 1698 l’année d’après (2007). Pour les quatre premiers mois de l’année en cours (2008), 623 voitures ont déjà été déclarées volées !

Ces chiffres officiels de la direction de la police judiciaire montrent l’étendue d’un phénomène qui touche de nombreuses villes marocaines.

Certes, c’est à Casablanca qu’est enregistré le taux le plus élevé des vols de voitures. Normal, la capitale économique concentre l’essentiel du parc automobile du pays. Mais, ce qui est intrigant, c’est que la ville d’Oujda se positionne en deuxième position, juste avant Rabat. C’est que la capitale de l’oriental est devenue une plaque tournante du trafic de voitures à destination de l’Algérie et, de là, à destination de l’Afrique subsaharienne.

Du reste, ni le nord, ni le sud, ni encore le centre du Royaume ne sont épargnés. Après Rabat, Tanger, Fès et Tétouan, arrivent Marrakech, Meknès, Settat et Kénitra. « L’étendue géographique des vols du voiture s’explique par le fait que les voleurs sont souvent constitués en réseaux qui s’activent dans plusieurs villes à la fois », explique une source officielle.

Les voleurs préfèrent les Mércédès
Les dix marques de voitures les plus convoitées par les voleurs sont, selon les statistiques de la direction de la police judiciaire, Mercédès (190, 200, 240 et 300), Fiat Uno et Fiat Palio, Renault 18, Peugeot (205, 306 et 307), Renault Kangoo, Citroën C15, Renault Express, Golf Volkswagen, Logan Dacia et Toyota Corolla. Bien sûr, ces voitures sont rarement vendues entières. Elles sont plutôt démontées et transformées en pièces détachées qu’il est plus facile d’écouler sur le marché, notamment des ferrailles.

D’ailleurs le faible que semblent avoir les malfaiteurs surtout pour les Mercédès s’explique, selon une source policière, par la facilité qu’ils trouvent à écouler les pièces détachées de cette marque. A Casablanca ou dans de nombreuses villes du pays, ce sont les Mercédès 240 qui sont utilisées comme taxis, d’où une grande demande de pièces détachées de cette marque. Ce n’est pas par hasard que Fiat Uno et Fiat Palio suivent les Mercédès dans le classement des voitures les plus volées au Maroc. Elles sont aussi très utilisées comme petits taxis.

Modes opératoires
L’analyse des différentes affaires de vol de voitures permet à la direction de la police judiciaire de déterminer les principales techniques utilisées par les voleurs dans leurs actes. Dans ce registre, il a été constaté que les malfaiteurs ont le plus souvent recours au bris d’une vitre et à l’usage d’un fil de fer direct ou d’un « passe-partout » pour faire démarrer le véhicule sans avoir besoin de la clef de contact. Cette technique a été maintes fois montrée dans de nombreux films d’action.

Autre technique utilisée : l’établissement d’une réplique de la clef de contact à l’insu du propriétaire. Ceci pourrait être effectué quand, par exemple, la voiture est momentanément confiée à un garagiste, à un gardien de voitures ou toute autre personne ayant eu possession d’une manière occasionnelle du véhicule.

Au delà de l’abus de confiance dont peuvent être victimes les propriétaires de voitures, ceux-ci peuvent être volés par l’usage de moyens frauduleux. Dans ce cadre, la technique la plus connue est celle des malfaiteurs (chevauchant le plus souvent des scooters) qui simulent un accident de la circulation pour pousser le conducteur visé à descendre, en catastrophe, de sa voiture avant de la lui subtiliser. Il y a aussi les voleurs qui font appel à des méthodes malicieuses. Ils font exprès, par exemple, de mettre un carton sur la voiture arrière d’une voiture inoccupée et attendent, en cachette, le retour de son propriétaire. Une fois à bord et après avoir démarré sa voiture, ce dernier se rend compte qu’il ne peut rien voir à l’arrière. Gare à lui s’il descend enlever le carton en laissant la clef de contact dans sa voiture.

A la malice, certains cambrioleurs préfèrent les gros moyens. Ils utilisent un chariot élévateur et un véhicule de dépannage et remorquent carrément un véhicule en stationnement (généralement la nuit ou dans les endroits déserts). D’autres se sont spécialisés dans le détournement de véhicules d’agences de location, après présentation de faux documents.

L’alerte
« Dès qu’un véhicule est signalé volé, plusieurs mesures sont prises dont notamment, la diffusion immédiate des caractéristiques à l’échelon local et national, l’ouverture d’une enquête pour déterminer les circonstances du méfait et l’identification d’éventuels témoins », explique un responsable de la police judiciaire. La même source ajoute que les investigations sont menées en fonction de l’usage que les malfaiteurs pourraient faire des voitures volées. Les exemples cités vont de l’usage momentané, suivi de l’abandon du véhicule sur la voie publique ; au démontage et la vente des pièces détachées. Autre possibilité évoquée : la vente en l’état, après maquillage de certaines caractéristiques (numéro du châssis et/ou des plaques d’immatriculation). Enfin, les cas d’escroquerie aux compagnies d’assurances (fausses déclarations de vol) ne sont pas non plus exclus.

Il vaut toujours mieux prévenir que « guérir »
« Pour éviter de voir sa voiture volatilisée, la prudence s’impose », conseille le directeur de la police judiciaire, Abdelmajid Chadili. « A l’occasion des enquêtes menées par les services de police, il a été remarqué que bon nombre de propriétaires ont une part de responsabilité dans les vols de voitures quand ils adoptent un comportement imprudent », fait-il remarquer. Parmi les comportements décriés, A. Chadili cite comme exemples le fait de stationner dans les lieux non gardés, d’omettre de fermer les portières, d’abandonner les clefs de contact à l’intérieur du véhicule, de ne pas retirer des voitures en stationnement des objets pouvant attiser la convoitise des malfaiteurs, de faire monter des auto-stoppeurs indignes de confiance ou de remettre les clefs de contact à des personnes suspectes. Pour éviter le pire et surtout pour ne pas faciliter la tâche aux malfaiteurs, assureurs et policiers prodiguent les mêmes conseils : installation d’un antivol telle l’alarme sonore, installation d’un système de blocage du démarrage du véhicule, pose de serrures efficaces. Et en tout état de cause, quand le pire n’a pu être évité, il faut se hâter de déposer une plainte auprès des services compétents de la police et de prévenir le plus tôt possible et en tout cas au bout de 48 heures son assurance avec une déclaration de vol à l’appui. C’est là un précieux conseil que donnent les assureurs eux-mêmes.

Chasse aux voleurs de voitures
En trois ans et quatre mois, 109 réseaux de vol de voitures ont été démantelés et 751 personnes ont été arrêtées dans ce même cadre. En 2005, 36 réseaux ont été démantelés et 197 personnes ont été arrêtées. L’année suivante, 27 réseaux ont été démantelés et 205 personnes arrêtées. L’année dernière 33 réseaux ont été démantelés et 280 personnes ont été arrêtées. Et au cours des quatre premiers mois de cette année, 13 réseaux ont été déjà démantelés et 69 personnes ont été arrêtées.

L’une des affaires les plus récentes concerne ce réseau démantelé le 19 mai par la brigade criminelle préfectorale de Casablanca. 13 individus ayant à leur actif 20 vols de véhicules ont été arrêtés à l’occasion. Auparavant, toujours à Casablanca, un autre réseau a été démantelé le 20 janvier par la Brigade de la police judiciaire de Sidi Benoussi Zenata. 6 individus ont été interpellés lors de ce coup de filet. Ils avaient à leur actif 11 vols de voitures perpétrés dans les villes de Casablanca, Rabat, Salé et Kénitra. Trois jours après ce démantèlement, un autre a suivi. Cette fois-ci, c’est la Brigade de la police judiciaire de Ben M’sik qui a mis hors d’état de nuire 10 personnes ayant à leur actif 12 vols de voitures. Un mois plus tard, un repris de justice ayant à son actif 9 vols de voitures a été arrêté par des éléments de la brigade de la police judiciaire de Aïn Sebaà-Hay Mohammedi. Le malfaiteur opérait dans les villes de Casablanca, El Jadida et Safi. Le 24 avril, soit le lendemain, la brigade de la police judiciaire de Casa-Anfa a appréhendé 5 repris de justice ayant à leur actif 14 vols de voitures.

Les cambrioleurs commettaient leurs forfaits sous la menace d’armes blanches. Quelques jours auparavant, à Rabat, le 30 mars, le service préfectoral de la police judiciaire a arrêté 6 individus ayant à leur actif 28 vols de voitures. En outre, le 1er avril à Nador, la brigade de la police judiciaire a arrêté 6 individus ayant à leur actif pas moins de 60 vols de voitures.

Voleurs sans frontières
Encore un réseau spécialisé dans le vol de voitures vient de tomber à Casablanca. Cette fois-ci, il s’agit d’un réseau qui opère à l’international. Dix membres dont un transitaire et sa soeur formaient ce réseau. A l’occasion de ce coup de filet, pas moins de 16 véhicules ont été saisis. Tous ont été volés dans plusieurs pays d’Europe, dont certains avaient été déjà vendus à des particuliers et d’autres encore en possession des membres de la bande. « L’enquête est toujours en cours pour identifier et mettre la main sur le reste du réseau qui avait principalement comme champ d’activités les villes de Casablanca, Tanger et Tétouan », nous apprend une dépêche de l’agence de presse MAP. Les prévenus ont tous été déférés à la justice sous les chefs d’inculpation de « constitution de bande criminelle, faux et usage de faux et complicité ».

Voleurs de « bonnes pièces »
Vous l’aurez certainement remarqué, les Logan circulent de plus en plus, dépourvues de l’insigne de la marque. Les voleurs ont jeté leur dévolu sur le petit triangle bleu qui se vend comme des petits pains, au prix de 150 dirhams, au marché noir des pièces détachées. C’est pour cela que les propriétaires de la voiture économique nationale se voient désormais obligés de fixer l’insigne convoité par des rivets. « Tant pis pour l’esthétique », confie, agacé, l’un des propriétaires.

Autre pièce prisée par les cambrioleurs, le rétroviseur. Les malfaiteurs ne se gênent pas pour l’arracher des voitures mal ou non gardées. Là encore, la marchandise trouve facilement receleur aussi bien chez des garagistes férus des bonnes opportunités que chez les revendeurs des ferrailles.

Source: Mohamed Zainabi | Le Reporter
03/06/2008

 

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